POPA CHUBBY: Devil May Care (2022)
Un nouvel album de Popa Chubby est toujours un petit évènement dans le monde du blues car qu’on l’aime ou qu’on le déteste, le guitariste new-yorkais ne laisse personne indifférent. Avec son dernier disque, Popa reste fidèle à son style ravageur mais a quand même laissé une petite place à la tendresse. On reconnaît tout de suite la patte du « Big Man » sur l’énervé « Tonight I’m gonna be the man » avec une slide très méchante. On reste dans l’ambiance avec « New way of walking » (un blues syncopé costaud et rehaussé d’un solo agressif avec effet wah wah). On soulignera également une reprise hargneuse du « Hoochie coochie man » de Willie Dixon (popularisé par le grand Muddy Waters) et une version carrée de « Dust my broom » avec une slide musclée. Le shuffle « Save the best for last » balance un très bon solo de six-cordes dans l’esprit fifties et l’instrumental « Master ip » se teinte d’un léger psychédélisme. On a aussi droit à une petite facétie du « Big Man » avec « Why you wanna make war » (un morceau au tempo médium avec une slide qui se déroule comme un serpent). En effet, il propose une deuxième version de ce titre en… français. Et c’est vraiment quelque chose d’entendre le père Popa chanter dans notre langue. Mais on est vraiment touché par la tendresse qui se dégage de « Fly away », une belle ballade dans un esprit seventies qui parle de la douleur d’un père voyant sa fille quitter le domicile familial pour se lancer dans la vie. Avant qu’elle ne parte, le papa fait une déclaration d’amour à sa fille (« I will always be the one that loves you like no other »/ « Je serai toujours celui qui t’aime comme personne d’autre »). Pour la première fois dans l’album, la guitare de Popa se fait aérienne et très émotionnelle. Et du coup, on est scotché ! Cet « Emotional gangster » se classe donc haut la main parmi les meilleurs disques du bluesman XXXL. Keep on playin’, Popa !
Olivier Aubry